"Jusqu'à la fin du quinquennat, sauf demande des maires, il n'y aura plus aucune fermeture d'école, aucune fermeture d'hôpital sur notre sol." Cette phrase figure dans le projet d'allocution qu'Emmanuel Macron aurait dû prononcer lundi 15 avril au soir, et dont l'AFP a eu copie. Ce discours de sortie du Grand Débat national n'a pas été prononcé en raison de l'incendie de Notre-Dame de Paris, mais a fuité dans plusieurs médias. Attention toutefois, ces propos demeurent à ce jour non officiels. "L'Élysée ne confirme ni ne commente les fuites dans la presse", a réagi la présidence.
Ce moratoire, s'il est confirmé, constituerait une vraie surprise, en particulier pour les maires ruraux et les enseignants. Les données concernant la carte scolaire 2019, publiées le 9 avril dernier par le Snuipp-FSU, prévoyait en effet une "lourde facture pour le rural". Selon ses remontées, 320 classes devaient fermer en milieu rural à la rentrée 2019 (voir encadré ci-dessous).
Du côté du Parlement, le projet de loi Blanquer "pour une école de la confiance", et surtout son article 6 quater créant les établissements publics locaux des savoirs fondamentaux (EPLSF), viseraient à "accélérer la réduction du nombre d’écoles rurales", à entendre l'Association des maires ruraux de France (AMRF). Ajouté à l'Assemblée nationale, le ministre a promis de l'amender au Sénat (voir notre article de ce jour), mais ce que veut l'AMRF, c'est son retrait. Ils l'ont exigé dans une motion en faveur de l'école rurale rédigée à l'issue de leur assemblée générale, qui s'est tenue à Najac (12) le 7 avril dernier.
"Cette disposition, même non obligatoire, s’inscrit dans une logique d’incitation à la concentration scolaire que les maires ruraux dénoncent", expliquent-ils. "Mouvement de concentration (qui) tend à accélérer la réduction du nombre d’écoles rurales".
"Le gouvernement et sa majorité montrent là une volonté de poursuivre une politique tendant au détricotage territorial du maillage scolaire, s’éloignant d’un aménagement équilibré du territoire pourtant réclamé par un grand nombre de Français", écrivaient-ils le 7 avril.
Les maires ruraux de France plaident quant à eux "pour un maillage scolaire équilibré du territoire qui conserve la proximité scolaire, avec pour chaque école un directeur d’école". Ils voudraient que des "garanties" soient "gravées dans la loi pour que le maillage scolaire soit pensé avec tous les élus et arbitré de manière à permettre un aménagement équilibré de l’ensemble du territoire". Ils pensent aussi que "l’objectif de limitation du temps de transport de l’enfant doit être pris en compte dans tout projet de réorganisation scolaire, avec la garantie d’un 'temps de transport maximum' de l’enfant de 30 minutes entre le 'pas de sa porte' et le portail de son école".
Ils émettent l'idée que l'aménagement scolaire "ne passe pas nécessairement par une concentration territoriale sur un même site, mais bien par un usage intelligent des infrastructures numériques". Si bien que l'école rurale peut avoir "différentes formes, sans préférence et appréciées au niveau le plus fin du territoire (classe unique, regroupement pédagogique intercommunal dispersé, RPI concentré, école en réseau…)". À ce sujet, ils défendent la notion de "bassin scolaire" qui soit "structuré autour de l’école communale ou de regroupements pédagogiques" que ces regroupements soient, là encore, dispersés ou concentrés.
Ils proposent la création de REP ruraux (voir aussi notre article ci-dessous du 12 septembre 2018) dans les communes de moins de 3.500 habitants, avec classe à plusieurs niveaux, "afin de disposer des mêmes droits que les réseaux d'éducation prioritaire" (par exemple les classes de CP et CE1 à 12 élèves).
Ils se disent attachés à la continuité éducative entre scolaire et périscolaire et font à ce titre deux propositions. D'une part, que le responsable du périscolaire soit membre de droit du conseil d’école. D'autre part, que, dans les territoires ruraux, le directeur d’école "bénéficie - au minimum - d’une demi-journée tous les quinze jours (les mois d’école) consacrée spécifiquement au travail sur le projet éducatif de territoire" (PEDT).
Dans le cadre du plan Mercredi, ils demandent une aide spécifique liée au transport pour les sorties. Ils aimeraient aussi "que l’Éducation nationale ne se serve plus des critères restrictifs de l’Insee pour déterminer le statut rural d’une commune". Enfin, ils soulignent que l’inclusion des enfants handicapés, exigée par l'Éducation nationale sur les temps périscolaires, "est problématique pour les agents périscolaires (cantine, garderie) qui ne sont absolument pas formés pour cela".
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